mardi 3 septembre 2019

Duhamel (musique)


Duhamel, Le Jardin des bêtes sauvages
« Un esprit créateur ne peut pas faire plus généreux présent aux autres hommes. Comprenez : il nous donne tout ! Il nous permet de croire que cette page que nous jouons, nous l’inventons en la jouant, et même que nous l’inventons en l’écoutant. Pas de plus grande charité. Qu’il est bon ! Comme il est libéral ! Je joue, et j’ai l’air d’improviser ce que je joue, de trouver les notes, une à une, les accents, les détours, les traits. Il me donne tout : l’œuvre et le secret de l’œuvre. Il consent, pour une minute, que son œuvre soit la mienne, que moi [...] je puisse m’en emparer comme de ma propre pensée, en faire ma propre pensée. Quelle magnificence ! Ils ne sont pas nombreux les héros qui ont de ces prodigalités. Ils gardent leur génie pour eux, jalousement. Ils nous y convient comme des pauvres à la table de Crésus. Lui, le Mozart, il nous prête son génie pour dix minutes. »