Quevedo, El Buscón VIII Pléiade p. 799, ici dans la trad. de Restif :
"Je suis, me répondit-il, matador, et le premier escrimeur du monde, toujours prêt à dégainer. » Ne pouvant plus me contenir de rire, je lui déclarai que je l’avais réellement pris pour un enchanteur, en voyant les cercles et tout ce qu’il faisait dans la campagne. « C’était, me dit-il, qu’avec la grande mesure, j’avais imaginé un moyen d’engager l’épée par le quart de cercle, pour tuer son adversaire sans condition, et l’empêcher par là de dire qui a été son assassin, et je cherchais à le rédiger suivant les règles des mathématiques. » – « Quoi donc ! lui dis-je, est-il possible qu’il y ait des mathématiques en cela ? » – « Non seulement des mathématiques, reprit-il, mais de la théologie, de la philosophie, de la musique et de la médecine. » – « Quant à la dernière, répliquai-je, je n’en doute pas, puisque dans cet art il est question de tuer. » – « Ne vous moquez pas, reprit-il, car vous allez apprendre tout à l’heure la parade contre l’épée, en faisant les plus grands coups de taille, de manière qu’ils comprennent en eux les spirales de l’épée. » Je lui avouai que je n’entendais pas la moindre chose à tout ce qu’il me disait. « Eh bien, reprit-il, ce livre vous en instruira. Il est intitulé Les Grandeurs de l’épée, il est très bon et renferme des choses admirables. Pour vous en convaincre, vous me verrez faire ce soir à Rejas, où nous coucherons, des merveilles avec deux broches ; et soyez bien persuadé que quiconque lira ce livre tuera tous ceux qu’il voudra. »
en écho, évidemment, à Molière :
"Êtes-vous fou de l'aller quereller, lui qui entend la tierce et la quarte, et qui sait tuer un homme par raison démonstrative ?"