Pirandello, Si… (1894) in Nouvelles complètes (Quarto) :
" Tout ce qui se passe devait donc fatalement se passer ? C’est faux. Cela pouvait ne pas arriver, si… Et c’est là où je me perds : dans ce si… Une mouche qui s’entête à te poursuivre, un mouvement que tu fais pour la chasser peuvent d’ici six, dix, quinze ans, donner motif à qui sait quelle catastrophe. Je n’exagère pas, je n’exagère pas ! Il est certain qu’en vivant, regarde, nous mettons en jeu – littéralement, oui – des forces impondérables, inconsidérées. Tu l’admets, n’est-ce pas ? Ensuite, ces forces se mettent en jeu toutes seules, se déroulent de façon latente, te tendent un filet, un piège que tu es incapable de découvrir, mais qui t’enveloppera à la fin, t’enserrera ; alors tu te trouves pris, sans pouvoir t’expliquer comment et pourquoi. C’est cela… Les plaisirs d’un moment, les désirs immédiats s’imposent à toi, inutile de discuter."