Jünger, Le Problème d'Aladin p. 10-11
"Lorsque, prenant le petit déjeuner, je tourne le café dans ma tasse et suis le tournoiement des marcs, je vois s'exprimer la loi selon laquelle se meut l'univers – la giration des spirales nébuleuses, le tourbillon des voies lactées. On peut en tirer des conclusions pour l'esprit, et pour la pratique également. Le spectacle me rappelle la pomme de Newton, ou la vapeur que Watt enfant regardait s'échapper de la théière, longtemps avant d'inventer sa machine. 'Cela donne à penser', disons-nous. Manifestement, l'accord avec la matière précède la réflexion, suivi de la rêverie qui enfante la pensée et d'où elle surgit. Mais que nous importe ? L'univers peut bien tourner en rond ou se dissoudre, le problème qui s'y cache demeure."