Amiel, Journal, 7 février 1872 (Schérer t. 2 p. 133) :
"La foi bornée a beaucoup plus d'énergie que la foi éclairée ; le monde est à la volonté bien plus qu'à la sagesse. Il n'est donc pas sûr que la liberté triomphe du fanatisme, et d'ailleurs, jamais l'indépendance de la pensée n'aura la violence d'un préjugé. La solution, c'est la division de la tâche. Après ceux qui auront dégagé l'idéal de la foi pure et libre, viendront les violents qui la feront entrer dans les choses acquises, dans les préjugés et dans les institutions. N'est-ce pas déjà ce qui est arrivé au christianisme ? Après le doux Jésus, l'impétueux saint Paul et les âpres conciles. Il est vrai que c'est là ce qui a corrompu l'Évangile."