Allen (Woody), Dieu, Shakespeare et Moi, Seuil-Virgule, p. 86-87 :
"Si les impressionnistes avaient été dentistes (étude sur l'intransigeance artistique) :
Cher Théo,
La vie ne me traitera donc jamais convenablement ? Je suis écrasé de désespoir ! Ma tête se perd ! Mme Sol Schwimmer me fait un procès parce que j'ai exécuté son bridge comme je le sentais, et non pour convenir à sa bouche ridicule !
C'est vrai ! Je ne peux pas travailler sur commande comme un artisan ordinaire ! J'avais décidé que son bridge devrait être énorme et ondoyant, avec des dents d'une sauvagerie explosive, flamboyant dans toutes les directions comme autant de feux d'artifice ! Et maintenant, elle est furieuse parce que ça n'entre pas dans sa bouche ! Oh la stupide bourgeoise, j'ai envie de la battre !
J'ai bien essayé de lui enfoncer l'appareil en forçant, mais il ressort de lui-même comme s'il était vivant. Je le trouve quand même admirable. Elle crie qu'elle ne peut pas mastiquer ! Qu'est-ce que ça peut bien faire qu'elle mastique ou pas !"
Dear Theo
Will life never treat me decently ? I am wracked by despair ! My head is pounding. Mrs Sol Schwimmer is suing me because I made her bridge as I felt it and not to fit her ridiculous mouth. That's right ! I can't work to order like a common tradesman. I decided her bridge should be enormous and billowing and wild, explosive teeth flaring up in every direction like fire! Now she is upset becuase it won't fit in her mouth ! She is so bourgeois and stupid, I want to smash her.
I tried forcing the false plate in but it sticks out like a star burst chandelier. Still, I find it beautiful. She claims she can't chew! What do I care whether she can chew or not !