Gracq, En lisant, en écrivant, Corti, p. 178 :
"Ce que je souhaite d’un critique littéraire, et il ne me le donne qu’assez rarement, c’est qu’il me dise à propos d’un livre, mieux que je ne pourrais le faire moi-même, d’où vient que la lecture m’en dispense un plaisir qui ne se prête à aucune substitution.
Vous ne me parlez que de ce qui ne lui est pas exclusif, et ce qu’il a d’exclusif est tout ce qui compte pour moi. Un livre qui m’a séduit est comme une femme qui me fait tomber sous le charme : au diable ses ancêtres, son lieu de naissance, son milieu, ses relations, son éducation, ses amies d’enfance !
Ce que j’attends seulement de votre entretien critique, c’est l’inflexion de voix juste qui me fera sentir que vous êtes amoureux de la même manière que moi : je n’ai besoin que de la confirmation, et de l’orgueil, que procure à l’amoureux l’amour parallèle et lucide d’un tiers bien-disant.”