Kourkov, Laitier de nuit, trad. Lequesne, chap. 2 :
"Il est des histoires qui commencent un beau jour et jamais ne s’achèvent. Elles en sont tout bonnement incapables. Parce que leur commencement engendre des dizaines d’autres histoires indépendantes qui ont chacune leur prolongement. C’est comme le choc d’un gravier contre le pare-brise d’une voiture : au point d’impact se dessine une multitude de lézardes, et à chaque ornière rencontrée sur la route, l’une ou l’autre progresse et s’allonge. Ainsi la présente histoire avait-elle commencé une nuit d’hiver pour se poursuivre jusqu’à ce jour. Mais nous n’en connaissons pour le moment que le début. Le temps que vous la lisiez jusqu’à la fin, son dénouement n’en sera plus que le milieu. Il est impossible de suivre les histoires, une vie n’y suffirait pas. Mais au moins sait-on une chose : par quoi tout a commencé. "