samedi 26 mars 2022

Goncourt (agonie)

Goncourt, Journal, 22 juillet 1862 : 

"La maladie fait peu à peu, dans notre pauvre Rose, son affreux travail. C'est comme une mort lente et successive des choses presque immatérielles, qui émanaient de son corps. Elle n'a plus les mêmes gestes, elle n'a plus les mêmes regards. Sa physionomie est toute changée ; elle m'apparaît comme se dépouillant et, pour ainsi dire, se déshabillant de tout ce qui entoure une créature humaine, de quelque chose qui est ce à quoi on reconnaît sa personnalité. L'être se dépouille comme un arbre. La maladie l'ébranche ; et ce n'est plus la même silhouette devant les yeux qui l'ont aimé, pour les gens sur lesquels il projetait son ombre et sa douceur. Les personnes qui vous sont chères s'éteignent à vos yeux avant de mourir. L'inconnu les prend, quelque chose de nouveau, d'étranger, d'ossifié dans leur tournure."


... on peut comparer à Céline : 

https://lelectionnaire.blogspot.com/2022/01/celine-hopital.html