Tesson (S.), Chemins noirs (vers la fin) :
"Je marchais à foulées calmes. Deux mois de cet exercice avaient lancé en moi une mécanique de clepsydre que rien n'arrêterait. Le matin, j'éprouvais encore de vives douleurs dans le dos. Trois ou quatre kilomètres en venaient à bout : un rouage actionné longtemps s'huile de lui-même. La marche avait aussi ses effets d'alambic moral, dissolvant les scories. Tout corps après sa chute - pour peu qu'il se relève - devrait entreprendre une randonnée forcée. L'effort, depuis le Mercantour, faisait son office de rabot, ponçait mes échardes intérieures."