[les 'motivations' qui amènent la femme à suivre le séducteur...]
Céard, Une belle journée, édition Charpentier (1881) p. 106-108 :
"— Comme il ferait bon se promener ! [........]
— Puisque vous y tenez.
Brusquement, Mme Duhamain venait de penser aux ennuis qu'elle aurait, si elle rentrait chez elle, pour déjeuner. Rien n'était prêt. Elle serait obligée d'allumer un fourneau, de dresser son couvert, de se déshabiller, car elle n'était pas dans un costume à faire la cuisine. Et le tablier qu'elle mettait d'ordinaire par-dessus sa jupe retroussée, le tablier dont elle s'entourait des hanches aux pieds pour préserver des taches sa robe des dimanches, le grand tablier de cotonnade, était au raccommodage. Un charbon ardent, tombant dessus, l'avait brûlé sur une largeur de plusieurs centimètres, au beau milieu. Depuis trois jours elle peinait à le rafistoler. Son ambition étant de n'y pas coudre de pièce, elle appliquait tout son génie de ménagère à refaire la trame point par point, fil par fil, s'absorbait dans cette reprise héroïque qui lui fatiguait les yeux, exigeait toute son attention, des cotons de différentes couleurs, et l'emploi alternatif de trois aiguilles.
Elle cédait. Alors, tournant à gauche, ils se trouvèrent sur le quai de Bercy."
Un texte par jour, ou presque, proposé par Michel PHILIPPON (littérature, philosophie, arts, etc.).