La Fontaine, Le Songe de Vaux - Éloge de la Peinture :
"À de simples couleurs mon art plein de magie
Sait donner du relief, de l'âme, et de la vie :
Ce n'est rien qu'une toile, on pense voir des corps.
J’évoque, quand je veux, les absents et les morts ;
Quand je veux, avec l'art je confonds la nature :
De deux peintres fameux qui ne sait l'imposture ?
Pour preuve du savoir dont se vantaient leurs mains,
L’un trompa les oiseaux, et l'autre les humains."
Watelet, Encyclopédie méthodique. Beaux-arts t. 1, 1788 § Magie :
"Armez-vous d’une baguette ; tracez des figures, & si vous êtes initiés dans les secrets dont vous devez faire usage, ces figures, seulement tracées, causeront des impressions de joie, de douce volupté, ou de douleur. Vous ferez passer dans les ames, par des images peintes ou des figures de cire, de terre, de marbre, d’airain, la vénération, l’amour, le délire ou la sagesse. Vous ferez enfin revivre les morts ; vous immortaliserez les mortels, & il semblera qu’on voie agir & parler des hommes qui, réellement, n’auront aucune consistance & aucun mouvement.
Jeunes gens, c’est figurément, il est vrai, que je m’exprime ainsi ; mais si vous êtes nés véritablement peintres, pourquoi ne vous parlerois-je pas le langage des poëtes ? ne serois-je pas autorisé de même à parler aux poëtes le langage des peintres ? vous avez tous la même destination, & il est naturel qu’on entretienne avec les mêmes idiômes ceux dont l’imagination est également consacrée à s’élever sans cesse au-dessus des choses ordinaires, & à donner, non-seulement un corps aux êtres abstraits, mais une ame à la matière & à des signes de convention.
Laissez-vous donc aller aux illusions, au point de vous croire destinés aux prodiges."