Gadda, Un "concert" de cent vingt professeurs in L'Adalgisa, croquis milanais (Seuil) :
"Des archets folichons, électrisés par le zeste de colophane, chatouillaient à peine l’aine auguste des contrebasses, ce à quoi celles-ci répondaient par de copieux, consciencieux borborygmes, comme si elles avaient à l’intérieur un purgatif. Ou comme si elles s’éveillaient d’un long sommeil. De même, parmi trilles et ventriloquies, les quolibets et les pirouettes des bois : la cavatine droite et langoureuse d’un violon solitaire, fuite d’un poulain en amour quand il en a plein les roupettes d’attendre son baronet. Ces éclats de musique évoquaient pour Elsa les forces stridentes et dissociées de sa vie : ou sans doute de la vie avec un grand V, la vie de tout un chacun. Dans la forge désespérée, chaque forgeron entêté battait son bout de fer, chacun pour son compte, comme un maniaque, un frénétique, avec la même sourde, obtuse obstination d’un supporter de Binda et de Guerra. Et la forge, d’un coup, devenait gargote, taverne. Les batteurs se muaient en buveurs. C’était la taverne de l’instant : où se buvait l’instant. La vieille éternité, en ricanant, les laissait faire bombance avec du vin mouillé d’eau. Mais non, mais non ! tous ces gens chauffaient leurs actes dans un but, un unique esprit les poussait vers les actes probants nécessaires, une commune entéléchie, une âme. Elle, elle seule, s’était trouvée arrachée à l’espérance commune, extirpée la croyance : comme lasse la feuille le vent dans l’orageuse chevelure du hêtre."
Archetti pazzerelloni, elettrizzati da quel po’ di colofonia, vellicavano appena l’augusto inguine dei contrabbassi, che questi contraccambiavano con lauti, coscienziosi barborigmi, quasi ci avessero dentro un purgante. O risvegli da un tardo sonno. Così, fra ventrilòqui e trilli, il ribòbolo e le piroette dei legni : la cavata diritta e languida d’un solitario violino, fuga di polledro in amore quando s’è rotto i corbelli d’aspettare il baronetto. Parevano, quei frantumi di musica, a Elsa, le dissociate, stridule forze della sua vita: o forse della vita col v maiuscolo, della vita di tutti. Nella disperata officina batteva ogni intestardito fabbro il suo ferro, ognuno a suo conto, come un manìaco, come un frenetico, con la sorda, ottusa pertinacia d’un partitante di Binda, o di Guerra. E l’officina, a un tratto, diveniva popina, taverna. I battitori si tramutavano in bevitori. Era la taverna dell’attimo : bevevano l’attimo. La vecchia eternità, ghignando, li lasciava gozzovigliare con un litruccio annacquato. Ma no, no ! quella gente affocava i suoi atti verso un fine, un unico spirito la sospingeva agli atti necessarî e probandi, una comune entelechìa, un’anima. Lei, lei sola, era stata strappata via dalla comune speranza, divelta dal credere : come stanca foglia il vento dalla chioma tempestosa del faggio.