Hildegarde von Bingen, Scivias [Connais les voies] début :
« Et voici que, dans la 43ème année du cours de ma vie temporelle, alors que, dans une grande crainte et une tremblante attention, j'étais attachée à une céleste vision, j'ai vu une très grande clarté, dans laquelle se fit entendre une voix venant du ciel et disant : « Fragile être humain, cendre de cendre et pourriture de pourriture, dis et écris ce que tu vois et entends... Écris cela, non pas en te fondant sur toi-même, ni en te fondant sur un autre humain, mais en te fondant sur la volonté de celui qui sait, qui voit et qui dispose toutes choses dans les secrets de ses mystères. Et à nouveau, j'entendis une voix du ciel qui me disait : « Proclame donc ces merveilles, écris les choses que tu as ainsi apprises et dis-les. Et il arriva, en l'année 1141 de l'Incarnation de Jésus Christ, Fils de Dieu, alors que j'étais âgée de 42 ans et 7 mois, qu'une lumière de feu d'un éclat extraordinaire, venant du ciel ouvert, traversa tout mon cerveau et enflamma tout mon cœur et toute ma poitrine, comme le fait la flamme, non pas celle qui brûle, mais celle qui réchauffe, tout comme le soleil réchauffe un objet sur lequel il pose ses rayons. Et voici que, tout à coup, je pouvais savourer la connaissance du contenu des Livres, c'est à-dire du Psautier, des Évangiles et des autres livres, aussi bien de l'Ancien Testament que du Nouveau, et cela sans connaître la traduction des mots de leur texte, ni la division en syllabes, sans avoir non plus la connaissance des cas ou des temps. »