vendredi 16 juillet 2021

Philippe Ch. -L. (nature)

Philippe Ch.-L., Croquignole (L'imaginaire) 

p. 68-9 :

"Au bout de quelques pas, il y eut la naïveté. 

La campagne devint une personne, une femme si l'on veut, dont, l'un après l'autre, on soulève les voiles, et découvrant à tout coup de quoi admirer davantage. La Terre était innocente et joyeuse, d'une joie sacrée, d'une joie qui parlait, comme lorsque, ayant passé un long temps loin de nous, l'ami revient et nous fait ses confidences. — C'est toi, Croquignole ; c'est toi, Félicien ; c'est toi, Claude Buy qui ne parles guère. Je suis heureuse de vous revoir.

Le monde entier était un peu votre frère. Les rues s'étendaient d'abord au-devant du voyageur, puis, un peu plus loin, dans un détour, se cachaient, pour lui doser le bonheur, pour lui ménager une surprise." 

p. 74-75 

"Vous avez cru jusqu'ici que les tables étaient des tables immobiles, des objets, et que les chaises étaient là pour vous servir. Tais-toi ! Le monde est animé. Je vous dis que les tables vont s'agrandir, je vous dis que les chaises même ont retrouvé leur sève, et que tout éclate, que le printemps passe à travers les murs. Et les arbres que vous aviez crus morts !"