Amiel, Grains de mil (1854)
"Il n'y a pas de parfums, de vertus, de trésors, qui n'aient besoin d'être renfermés ; n'ouvre pas portes et fenêtres à tous les vents du ciel, à tous les oiseaux de la forêt, à tous les passants de la terre ; aie en toi un sanctuaire, une chapelle intérieure qui soit aussi une citadelle et un lieu fort ; caches-y ton secret, ta vocation, tes principes, les archives de ton âme, l'eau lustrale de la religion, les armes de ta volonté, l'ex-voto de ta suprême idée ; reviens-y quotidiennement te retremper par la prière et la contemplation ; viens-y demander la foi et la fidélité à toi-même. Le recueillement, le retour au divin, il ne faut pas moins pour traverser la vie, ses tentations, ses dissipations, sans s'évaporer, se dissiper ou se corrompre. Et cette foi intérieure demande à être renouvelée tous les jours."