Melville, Hawthorne et ses ‘Mousses’ (Pléiade t. 3 p. 1093-4) :
« Plût à Dieu que tous les excellents livres fussent des enfants trouvés, sans père ni mère, afin que nous puissions leur rendre gloire sans mentionner leurs auteurs apparents ! […] Je ne sais quel nom il conviendrait de mettre sur la page de titre d’un excellent livre, mais je sens du moins que les noms de tous les beaux auteurs sont des noms fictifs [...] étant donné qu’ils représentent simplement le mystérieux Esprit, toujours fuyant, de toute Beauté, lequel possède de manière omniprésente les hommes de génie. Cette vue a beau paraître purement fantaisiste, elle n’en semble pas moins recevoir une certaine confirmation du fait que, lors d’une rencontre personnelle, aucun grand auteur ne s’est jamais élevé au niveau de l’idée que se faisait de lui son lecteur. Mais comment cette poussière dont sont composés nos corps pourrait-elle exprimer de façon adéquate les plus nobles d’entre nos intelligences ? »
« Would that all excellent books were foundlings, without father or mother, that so it might be, we could glorify them, without including their ostensible authors. […] But more than this, I know not what would be the right name to put on the title-page of an excellent book, but this I feel, that the names of all fine authors are fictitious ones, [...] - simply standing, as they do, for the mystical, ever-eluding Spirit of all Beauty, which ubiquitously possesses men of genius. Purely imaginative as this fancy may appear, it nevertheless seems to receive some warranty from the fact, that on a personal interview no great author has ever come up to the idea of his reader. But that dust of which our bodies are composed, how can it fitly express the nobler intelligences among us? »