Chestov [Éloge de la sottise, traduction ?] :
"Quand tu écoutes ton interlocuteur, ou bien quand tu lis, n'accorde pas une trop grande signification aux paroles, ou même aux phrases entières. Souviens-toi que ton interlocuteur, même s'il ne le veut pas, est obligé d'employer pour s'exprimer les formules toutes faites du langage. Fais très attention à l'expression de son visage. Ecoute le son de sa voix. Cela t'aidera à atteindre son âme à travers ses paroles. Non seulement dans la conversation, mais dans un livre même, on peut saisir le son, le timbre de la voix de l'auteur, et les moindres nuances d'expression de ses yeux, de son visage. Ne fais pas la chasse aux contradictions, ne discute pas, n'exige pas de preuve. Ecoute attentivement. Et plus tard, lorsque tu parleras à ton tour, on ne discutera pas avec toi, et on n'exigera pas des preuves que tu ne possèdes pas et ne peux posséder, tu le sais bien toi-même. Alors, et ceci est le plus important, tu seras convaincu enfin que la vérité ne dépend pas de la logique".
"Quand tu écoutes ton interlocuteur, ou bien quand tu lis, n'accorde pas une trop grande signification aux paroles, ou même aux phrases entières. Souviens-toi que ton interlocuteur, même s'il ne le veut pas, est obligé d'employer pour s'exprimer les formules toutes faites du langage. Fais très attention à l'expression de son visage. Ecoute le son de sa voix. Cela t'aidera à atteindre son âme à travers ses paroles. Non seulement dans la conversation, mais dans un livre même, on peut saisir le son, le timbre de la voix de l'auteur, et les moindres nuances d'expression de ses yeux, de son visage. Ne fais pas la chasse aux contradictions, ne discute pas, n'exige pas de preuve. Ecoute attentivement. Et plus tard, lorsque tu parleras à ton tour, on ne discutera pas avec toi, et on n'exigera pas des preuves que tu ne possèdes pas et ne peux posséder, tu le sais bien toi-même. Alors, et ceci est le plus important, tu seras convaincu enfin que la vérité ne dépend pas de la logique".
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Cf. Valéry, cité dans un billet de blog :
« Tu as certainement remarqué quel poids et quelle portée prennent les moindres petits mots et les moindres silences qui s’y insèrent. Et moi, qui ai tant parlé, avec le désir insatiable de convaincre, je me suis moi-même à la longue convaincu que les plus graves arguments et les démonstrations les mieux conduites avaient bien peu d’effet, sans le secours de ces détails insignifiants en apparence ; et que, par contre, des raisons médiocres, convenablement suspendues à des paroles pleines de tact, ou dorées comme des couronnes, séduisent pour longtemps les oreilles. Ces entremetteuses sont aux portes de l’esprit. Elles lui répètent ce qui leur plaît, elles le lui redisent à plaisir, finissant par lui faire croire qu’il entend sa propre voix. Le réel d’un discours, c’est après tout cette chanson, et cette couleur d’une voix, que nous traitons à tort comme détails et accidents. »