mardi 29 octobre 2024

Williams (T.) (pensée)

Williams (T.), 'La veuve Holly', in Sucre d'orge, 10x18 p. 186 : 

"Fréquemment, au cours d'une journée, il lui arrivait de s'asseoir, soucieuse, à la table de la cuisine, ou sur son lit défait, de se prendre la tête dans les mains et de murmurer : "Il faut absolument que je pense, il le faut !". Mais cela ne l'avançait à rien. Sans doute semblait-elle penser à quelque chose pendant un moment ; mais ses efforts, en fin de compte, ressemblaient à ceux que ferait pour préserver son intégrité un morceau de sucre jeté au fond d'une tasse de thé bouillant. Dans son esprit, la forme cubique naturelle des pensées était d'une instabilité effrayante. Elle se détendait lentement, ou bien elle se dissolvait, ou encore elle s'étalait à plat sur le fond. Parfois, tout simplement, elle partait à la dérive…"


Often during the day she would sit down worriedly at the kitchen table or on her unmade bed and clasp her forehead and murmur to herself, I’ve got to think, I’ve simply got to think! But it did no good, it did no good at all. Oh, yes, for a while she would seem to be thinking of something. But in the end it was always pretty much like a lump of sugar making strenuous efforts to preserve its integrity in a steamingly warm cup of tea. The cubic shape of a thought would not keep. It relaxed and dissolved and spread out flat on the bottom or drifted away.