Lewis (Sinclair), Babbitt, trad. Rémon, chap. 7
"Il acheva gravement de lire la dernière livraison de l’American Magazine, tandis que sa femme, avec un soupir, mettait de côté ses raccommodages et considérait avec envie les modèles de lingerie dans une revue féminine. La pièce était très silencieuse.
Elle était conforme au meilleur style type des « Hauteurs Fleuries ». Les murs gris étaient divisés en faux panneaux par des bandes de moulures laquées blanc. De la précédente habitation des Babbitt provenaient deux fauteuils à bascule très sculptés, mais les autres étaient neufs, profonds et confortables, recouverts de velours bleu à raies dorées. En face de la cheminée, un divan de velours bleu, derrière lequel était une table en cerisier et une très grande lampe de piano avec un abat-jour de soie vieil or. (Deux maisons sur trois aux « Hauteurs Fleuries » avaient devant la cheminée un divan, une table en acajou, ou en imitation, et une lampe de piano avec un abat-jour en soie jaune ou rose.)
Sur la table étaient un tapis en fil d’or de fabrication chinoise, quatre magazines, une boîte à cigarettes en argent, et trois livres offerts en cadeaux, grandes et précieuses éditions de contes de fées, illustrés par des artistes anglais, et que n’avait encore lus aucun des Babbitt, sauf Tinka [enfant].
Dans un coin, près de la fenêtre, un grand gramophone dans son meuble spécial. (Huit maisons sur neuf des « Hauteurs Fleuries » en avaient un pareil.)"