Lewis (Sinclair), Babbitt, trad. Rémon, chap. 2 :
"La chambre présentait un ensemble de couleurs sobre et agréable, d’après un des meilleurs modèles du décorateur qui « faisait les intérieurs » pour la plupart des spéculateurs en maisons de Zénith. Les murs étaient gris, les boiseries blanches, le tapis d’un bleu franc : l’ameublement ressemblait beaucoup à de l’acajou, le bureau avec un grand miroir, la table à coiffer de madame Babbitt, avec des objets de toilette en argent presque massif, les deux lits jumeaux, entre eux une petite table supportant la lampe électrique type pour lire au lit, un verre d’eau, et un livre de chevet type avec illustrations en couleur. Quel ouvrage était-ce ? impossible de le dire, car personne ne l’avait jamais ouvert. Les matelas étaient fermes sans être durs, des matelas bien modernes, qui avaient coûté très cher […] C’était un chef-d’œuvre de chambre à coucher, provenant des « Riantes maisons modernes pour fortunes moyennes ». Seulement elle n’avait rien à voir avec les Babbitt ni avec personne d’autre. Si quelqu’un y avait jamais vécu et aimé, lu à minuit des histoires palpitantes, y était resté étendu les dimanches matin dans une magnifique indolence, il n’en restait pas trace. Elle avait l’air d’une très bonne chambre dans un très bon hôtel."