Muray, Ultima necat, 2 p. 407 :
"Le kitsch c'est l'esprit de vertu devenant esthétique.
C'est la tyrannie du Bien sur le goût.
Kitsch et pharisaïsme.
Kitsch contre réalisme.
Le kitsch c'est quand il me dit que Postérité n'est pas un titre de roman.
Le kitsch c'est quand elle voudrait bien un enfant, n'ose pas le dire et le dit quand même.
Le kitsch est cette titubation lyrique dans laquelle elle essaie de m'entraîner à son profit.
« Aie confiance en l'avenir »...
Voilà ce que soupire la musique kitsch.
« Crois en l'homme »...
Le kitsch c'est quand Lévy me vole le dernier chapitre de mon 19°, d'abord pour le traduire dans son style ronflant d'essai, ensuite pour le dégueulasser en roman qui aura le Goncourt.
Le roman historique est kitsch, sauf celui d'Aragon sur Géricault.
Kitsch sont la dénonciation des corridas, la diabolisation du tabac, les grands shows caritatifs contre la myopathie ou le cancer.
Kitsch était la « génération morale ». Kitsch « SOS Racisme ». Kitsch la mitterrandolâtrie. Kitsch la « génération Mitterrand ».
Kitsch l'idée de génération.
La vision collectiviste du monde, privée du collectivisme, l'a remplacé par le concept de génération.
Quiconque met l'idée de génération en avant est un collectiviste qui s'ignore.
Kitsch l'invraisemblable succès fait au roman de Kundera contre le kitsch.
Kitsch l'insuccès absolu de Postérité.
Kitsch - et voulu tel - le titre de mon prochain roman, Le Sourire de la chimère, mais violemment anti-kitsch le traitement que je ferai subir à ce titre à l'intérieur même du livre.
Kitsch les ballets de Céline, son « roi Krogold », etc. Tout l'antisémitisme célinien comme une flaque de merde logiquement bordée de ces dentelles.
Kitsch toute merde décorée.
Ce n'est pas l'ornement qui est kitsch, c'est la façon dont on le place.
Toute sentimentalité destinée à masquer qu'il n'y a jamais que des intérêts en guerre les uns contre les autres est kitsch.
Kitsch et fascisme. Pareil au même."