Morand, lettre à Chardonne, 25 mai 1963 :
"Hier, je montais à cheval dans ce paradis équestre des Franches-Montagnes, à Saigneléger. Des galops de 7 km sur du velours : unique au monde. Malheureusement, il y a les campeurs neuchâtelais et bernois ; une voiture sous chaque arbre ; la campagne du dimanche est devenue un grand restaurant en plein air. Les arbres à 1 200 m bourgeonnaient à peine ; à 1 000 m les pommiers des espaliers étendaient des bras encore roses ; à 900 m les tulipes tenaient bon ; à 800 m la glycine se répandait ; à 700 m les cytises, etc... En montant, on tourne à l’envers le film du printemps. Les poulains d’un jour, comme s’ils avaient passé déjà une longue vie sur terre ; sauf les genoux, encore repliés en dedans, dans la position qu’ils avaient la veille dans le ventre de la jument."