Ilf & Petrov, Les douze chaises III, XL trad Préchac p. 321 :
"Admirez, maréchal ! Quel triomphe de l'homme ! À peine plus haut que les nuages, à peine plus bas que les aigles, le génie humain a tracé ceci : «Kolia et Mika, juillet 1914». Quel spectacle sublime ! Remarquez l'exécution artistique de l'inscription : chaque lettre est haute d'un mètre et peinte à l'huile ! Où êtes-vous à présent, Kolia et Mika ?
Vorobianinov s'abîma à son tour dans ses pensées.
— Où êtes-vous, Kolia et Mika ? poursuivait Ostap. Et que faites-vous à présent de vos vies ? Vous avez grossi, n'est-ce pas, vieilli ? Monter au troisième étage vous fait maintenant peur, vous qui graviez vos noms dans les nues ! Dans quelle administration travailles-tu, Kolia ? Le travail de bureau te paraît fastidieux, tu regrettes l'âge d'or de ta jeunesse ? Mais comment oses-tu dénommer âge d'or le temps où tu dégradais ainsi ces sites sublimes ? Tu es un affreux personnage, Kolia ! Et ta femme, Mika, n'est pas moins répugnante que toi, quoique moins coupable, elle qui te couvait des yeux depuis la route lorsque tu traçais vos noms, suspendu au rocher. Elle croyait voir en toi un second Pietchorine***, mais elle sait maintenant qui tu es : tu es un sot, Kolia, rien de plus. Tas d'esthètes miteux, de Pietchorines à la manque ! Vous vous croyez des aigles et, rentrés au bureau, n'êtes pas même capables de faire vos totaux !"
*** cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Un_h%C3%A9ros_de_notre_temps_(roman)