Richler, Fils d'un tout petit héros, trad. Saint-Martin et Gagné, II, 4 :
"Il avait faim d’une colère, d’une communauté ou d’une tradition à laquelle arrimer son expérience. Il commença à comprendre que l’homme avait créé Dieu par nécessité. Sans Dieu, pas d’éthique : sans éthique, c’était la liberté… Et la liberté, c’était trop pour l’homme. J’ai eu tort de me faire du souci pour Dieu, se dit-il. Je ne crois pas en Lui, donc Il n’existe pas. Mon grand-père croit en Lui, donc Il existe. Theo est athée. Mais, en fin de compte, croire ou ne pas croire, ça revient au même. Les non-croyants ne sont que des fugitifs de Dieu. Il demeure une composante de leur mode de pensée. Pis encore, Il en est une raison. Pour se libérer de Dieu, on doit L’oublier. Mais comment faire ?"
He was hungering for an anger or a community or a tradition to which he could relate his experience. He began to understand that God had been created by man out of necessity. No God, no ethic : no ethic – freedom. Freedom was too much for man. I was wrong to worry about God, he thought. I don’t believe in Him so He doesn’t exist. My grandfather believes in Him so He does exist. Theo is an atheist. But belief or non-belief amounts to the same thing in the end. Non-believers are only fugitives from God. He is still a factor in their thinking. Worse still, he becomes a reason. In order to be liberated from God one must forget him. But can one forget ?