Rilke, lettre à Rodin 29 décembre 1908 :
"En faisant de la poésie, on est toujours aidé et même emporté par le rythme des choses extérieures ; car la cadence lyrique est celle de la nature, des eaux, du vent, de la nuit. Mais pour rythmer la prose, il faut s'approfondir en soi-même et trouver le rythme anonyme et multiple du sang. La prose veut être bâtie comme une cathédrale : là on est vraiment sans nom, sans ambition, sans secours - dans des échafaudages, avec la seule conscience.
Et pensez qu'en cette prose je sais maintenant faire des hommes et des femmes, des enfants et des vieillards. J'ai évoqué surtout des femmes en faisant soigneusement toutes les choses autour d'elles, laissant un blanc qui ne serait qu'un vide, mais qui, contourné avec tendresse et amplement, devient vibrant et lumineux, presque comme un de vos marbres…"