Chardonne, Propos comme ça, passages sur Valéry :
p. 88 : "On est alarmé par l'expansion américaine ; c'est permis, à condition de ne pas l'appeler trop souvent pour réparer d'énormes bévues. Valéry le disait. Il a dit tout. Les écrivains sont coriaces ; Valéry ne les a pas intimidés. Il est vrai, rien ne les gêne."
p. 108-109 : "Je viens d'apprendre que Valéry déjeunait quelquefois chez lui. Le plus souvent, en fin de matinée, il sortait ; et d'abord de lui-même. On ne le reconnaissait guère dans sa conversation, faite pour tout le monde. Il lisait peu et n'a vraiment parlé qu'à lui-même.
Visage raviné, les cheveux gris tristement collés à ce crâne auguste, teint pâle et un rien de jaune, une moustache courte, un peu folâtre ; il roulait une cigarette toujours recommencée.
Valéry prosateur, le plus beau nom de la littérature française, avec Bossuet".