Starobinski, Stendhal pseudonyme [1951], in L'œil vivant :
"Le nom est situé, symboliquement, au confluent de l'existence "pour soi" et de l'existence "pour autrui" : il est vérité intime et chose publique. En acceptant mon nom, j'accepte qu'il y ait un dénominateur commun entre mon être profond et mon être social. Or c'est à ce niveau que le pseudonyme entend opérer une disjonction radicale. Il va séparer deux mondes au point même où, par le truchement du langage, leur réunion était rendue possible. Par ce geste, l'égotiste se révolte contre son appartenance à la société. Il refuse d'être livré aux autres en même temps qu'il est donné à lui-même. Pour lui, la liberté d'agir n'est concevable que dans l'insubordination : c'est pourquoi il recourt au pseudonyme qui lui rend les mains libres."