Nietzsche, Humain, trop humain § 199 :
”L’incomplet comme attrait artistique.
L'incomplet produit souvent plus d'effet que le complet, notamment dans le panégyrique : pour son propos, on a besoin précisément d'une piquante lacune comme d'un élément irrationnel qui fait miroiter une mer devant l'imagination de l'auditeur et, pareil à une brume, couvre le rivage opposé, par conséquent les bornes de l'objet qu'il s'agit de louer. À citer les mérites connus d'un homme, si on est complet et étendu, on fait toujours naître le soupçon que ce soient là ses seuls mérites. L'homme qui loue complètement se met au-dessus de celui qu'il loue, il semble le voir de haut. C'est pourquoi le complet produit un effet d'affaiblissement.”