Amiel, Journal intime, 12 mars 1862 :
"Quand on ne converse plus guère qu'avec soi-même, la prolixité du monologue est imminente ; le journal intime devient un peu comme ces vieilles dames qui, vivant seules, finissent par causer à leurs meubles et à leurs chats, pour maintenir leur aptitude à la parole. Il y a certaines semaines où je donne dans ce piège d'oisif solitaire et de vieillard rabâcheur. Il me semble qu'aujourd'hui, ma plume a terriblement marmotté entre ses dents de choses inutiles et connues. Le soliloque a tourné en cercle comme l'écureuil prisonnier."