Proust, lettre à Madame Straus (1890) :
"Ma chère petite Madame Straus,
Il ne faut pas du tout que vous pensiez que je vous aime moins parce que je ne vous envoie plus de fleurs. Mais Mlle Lemaire pourra vous dire que je me promène chaque matin avec Laure Heyman, que je la remmène souvent déjeuner - et cela me coûte si cher que je n'ai plus un sou à fleurs - et sauf dix sous de coquelicots à Mme Lemaire je ne crois pas que j'en aie envoyé depuis à vous. Vous étiez dans votre lit, belle comme un ange qui aurait mauvaise mine, c'est-à-dire à rendre fous les mortels. Et n'ayant pas osé, pour ne pas vous faire mal à la tête le faire vraiment, ici, par fiction, je vous embrasse tendrement.
Votre petit,
Marcel"