Starobinski, Trois Fureurs, préface p. 8 :
"Les trois œuvres montrent [...] le retour – douloureux, triomphant – d’une conscience accrue, la nouvelle naissance du sujet à lui-même, la dépossession surmontée. Après l’éclipse démentielle, Ajax se retrouve lui-même sous la lumière d’un savoir acéré qui exige la mort. Le démoniaque délivré reçoit mission de narrer sa délivrance, et de propager le verbe qui l'a soustrait à l'Ennemi. [Dans] l'œuvre de Fussli [...] la réflexion se fait spectatrice de l'aveuglement [...]. Un nouveau savoir, une nouvelle parole, un nouveau regard : voilà ce qui est atteint, une fois traversées la fureur et l’absence. Encore faut-il que soient assez vigoureuses les énergies mises au service du retour à soi. Sinon, il n'y a pas de traversée, et la fureur n'est qu'engloutissement et dissolution dans la nuit."