Nabokov, Lac, nuage, château :
"Vassili Ivanovitch trouva le moyen de jouir des charmes fugitifs qu'offrait la route. Et, vraiment, comme tout est séduisant, que le monde a de charmes quand on remonte son ressort et qu'il tourne comme un manège ! Le soleil grimpa peu à peu vers un coin de la fenêtre et inonda soudain la banquette jaune. L'ombre affreusement écrasée du wagon fuyait comme une folle sur l'herbe du talus où les fleurs se fondaient en stries de couleurs. Un passage à niveau : un cycliste attendait, un pied posé à terre. Des arbres apparurent en groupes ou isolés, pivotant froidement d'un air narquois comme pour présenter la dernière mode. L'humidité bleue d'un ravin. Un souvenir d'amour déguisé en prairie. Nuages effilés – lévriers du ciel."
Vasiliy Ivanovich contrived to enjoy the fleeting gifts of the road. And indeed, how enticing it all is, what charm the world acquires when it is wound up and moving like a merry-go-round ! The sun crept toward a corner of the window and suddenly spilled over the yellow bench. The badly pressed shadow of the car sped madly along the grassy bank, where flowers blended into colored streaks. A crossing : a cyclist was waiting, one foot resting on the ground. Trees appeared in groups and singly, revolving coolly and blandly, displaying the latest fashions. The blue dampness of a ravine. A memory of love, disguised as a meadow. Wispy clouds – greyhounds of heaven.
NB : dernier mot : "heaven", pas "sky" ; "lévriers célestes" aurait peut-être un peu suggéré la nuance.