Weber, L'Ethique protestante et l'Esprit du capitalisme (1920) Plon 1964 :
"Ce qui est réellement condamnable, du point de vue moral, c'est le repos dans la possession, la jouissance de la richesse et ses conséquences : oisiveté, tentation de la chair, risque surtout de détourner son énergie de la recherche d'une vie "sainte". Et ce n'est que dans la mesure où elle implique le danger de ce repos que la possession est tenue en suspicion. En effet, le repos éternel des saints a son siège, lui, dans l'au-delà ; sur terre, l'homme doit, pour assurer son salut, "faire la besogne de Celui qui l'a envoyé, aussi longtemps que dure le jour" (Jean IX, 4). Ce n'est ni l'oisiveté, ni la jouissance, mais l'activité seule qui sert à accroître la gloire de Dieu, selon les manifestations sans équivoque de sa volonté.
Gaspiller son temps est donc le premier, en principe le plus grave, de tous les péchés. Notre vie ne dure qu'un moment, infiniment bref et précieux, qui devra "confirmer" notre propre élection. Passer son temps en société, le perdre en "vains bavardages", dans le luxe, voire en dormant plus qu'il n'est nécessaire à la santé -six à huit heures au plus-, est passible d'une condamnation morale absolue."