Joyce, lettre [en français] à Louis Gillet, août 1931 :
Cher monsieur Gillet : Depuis le mois d’avril je n’ai eu à faire qu’avec des gérants, des avocats, des courtiers et, pire encore, des chanteurs à Francfort. Enfin votre article dans le Revue des deux mondes arrive. Quell’ rose ! Le pauvre moine du désert y a brouté à coeur joie. Il en a savouré chaque petite feuille de phrase, il a croqué les baies, il s’est même admiré un peu dans un petit miroir d’eau, pas plus grand que son ricanement, et ensuite, se trouvant fort beau garçon, il s’est allongé, à la vue des deux mondes susdits, la pâquerette de l’innocence entre ses lèvres maladieuses, et s’est mis à dormir le sommeil des joyces. Il se réveillera demain, plus fort, encouragé et reconnaissant.
Cordialement vôtre.
James Joyce