Valéry, Tel quel, Pléiade t. 2, 1960, p. 635 :
"Dans Racine, l'ornement perpétuel semble tiré du discours et c'est là le moyen et le secret de sa prodigieuse continuité, tandis que chez les modernes, l'ornement rompt le discours. Le discours de Racine sort de la bouche d'une personne vivante, quoique toujours assez pompeuse. De même chez La Fontaine ; mais la personne est familière, parfois fort négligée. Au contraire chez Hugo, chez Mallarmé et quelques autres, paraît une sorte de tendance à former des discours non humains, et en quelque manière, absolus, – discours qui suggèrent je ne sais quel être indépendant de toute personne, – une divinité du langage, – qu'illumine la Toute-Puissance de l'Ensemble des Mots. C'est la faculté de parler qui parle ; et parlant, s'enivre ; et ivre, danse."