dimanche 17 avril 2022

Platon + Cervantès (imitation)

Platon, République III 396 c-d, trad. Cousin :

"L'homme mesuré, ce me semble, quand il sera amené dans un récit à rapporter quelque mot ou quelque action d'un homme bon, voudra s'exprimer comme s'il était cet homme et ne rougira pas d'une telle imitation, surtout s'il imite quelque trait de fermeté ou de sagesse. Il imitera moins souvent et moins bien son modèle quand celui-ci aura failli, sous l'effet de la maladie, de l'amour, de l'ivresse ou d'un autre accident. Et lorsqu'il aura à parler d'un homme indigne de lui, il ne consentira pas à l'imiter sérieusement, sinon en passant, quand cet homme aura fait quelque chose de bien ; et encore en éprouvera-t-il de la honte, à la fois parce qu'il n'est point exercé à imiter de tels hommes et parce qu'il lui répugne de se modeler et de se former sur le type de gens qui ne le valent pas; au fond, il méprise l'imitation et n'y voit qu'un amusement."


Cervantès, Le colloque des chiens, Pléiade p. 451  :

"Libre au bateleur de brocarder, à l'histrion de faire ses tours de main ou de voltige, au bélître de braire, libre soit-il d'imiter le chant des oiseaux et les divers gestes et façons d'agir des bêtes et des hommes, l'homme bas qui s'en sera fait profession, mais que ne veuille point faire de même l'homme de qualité : aucune habileté de ce genre ne peut lui donner crédit ni honorable renom"  

[Apode el truhán, juegue de manos y voltee el histrión, rebuzne el pícaro, imite el canto de los pájaros y los diversos gestos y acciones de los animales y los hombres el hombre bajo que se hubiere dado a ello, y no lo quiera hacer el hombre principal, a quien ninguna habilidad déstas le puede dar crédito ni nombre honroso]