Kafka, L'Amérique (1927) :
"[...] derrière tout cela se dressait New York, qui regardait Karl avec les cent mille fenêtres de ses gratte-ciel."
Morand, New-York (1930) p. 37 :
"Ils s'affirment verticalement comme des nombres, et leurs fenêtres les suivent horizontalement comme des zéros carrés, et les multiplient... La rage des tempêtes atlantiques en tord souvent le cadre d'acier, mais, par la flexibilité de leur armature, par leur maigreur ascétique, ils résistent... Aveuglé par l'Atlantique ensoleillé, je me trouve en plein ciel, à une hauteur telle qu'il me semble que je devrais voir l'Europe ; le vent me gifle, s'acharne sur mes vêtements ; près de moi des amoureux s'embrassent, des Japonais rient, des Allemands achètent des vues ; comment décrire de si haut cette métropole en réduction, c'est de la topographie, de la triangulation, non de la littérature. "
Céline, Voyage au bout de la nuit (1932) :
"Figurez-vous qu’elle était debout leur ville, absolument droite. New York c’est une ville debout. On en avait déjà vu nous des villes bien sûr, et des belles encore, et des ports et des fameux même. Mais chez nous, n’est-ce pas, elles sont couchées les villes, au bord de la mer ou sur les fleuves, elles s’allongent sur le paysage, elles attendent le voyageur, tandis que celle-là l’Américaine, elle ne se pâmait pas, non, elle se tenait bien raide, là, pas baisante du tout, raide à faire peur."
Nabokov, Pnine (1957) chap. 2, V,
trad. Couturier :
"[...] enfin, quand la grande statue apparut dans la brume du matin, où des immeubles pâles, médusés, n'attendant qu'à être embrasés par le soleil, se dressaient comme ces mystérieux rectangles de hauteurs inégales que l'on voit sur les graphiques représentant des pourcentages comparés (ressources naturelles, fréquence des mirages dans différents déserts) [...].
trad. Chrestien :
[...] à l'endroit même où, prêts à être incendiés par le soleil, ensorcelés et pâles, montaient des édifices semblables à ces rectangles mystérieux de hauteurs inégales, qu'on voit sur les graphiques de pourcentages comparés (ressources naturelles, fréquences respectives des mirages dans les différents déserts) [...]
And at last, when the great statue arose from the morning haze where, ready to be ignited by the sun, pale, spellbound buildings stood like those mysterious rectangles of unequal height that you see in bar graph representations of compared percentages (natural resources, the frequency of mirages in different deserts),
Un texte par jour, ou presque, proposé par Michel PHILIPPON (littérature, philosophie, arts, etc.).