Gracq, Lettrines Pléiade t. 2 p. 202 :
"Sarrebrück reconstruit – La ville a rendu son âme sous les bombardements, si tant est qu’elle en ait jamais eu. Les blocs de maisons modernes sont ressortis du chantier de démolition : un grumeau humain, une agglomération, non plus une cellule. La déshumanisation de la ville, le pourchas de la chaude tanière de bête par le bull-dozer – processus en cours par le monde, et que la dernière guerre accélère – se révèle d’abord, contrairement au cadavre, par l’absence d’odeur. L’homme décapé de son suintement séculaire y apparaît stérilisé, pasteurisé : nulle fleur rare, nulle orchidée, on le pressent, ne germera plus de ce sol récuré de son fumier."