Guérin (Maurice de), Méditation sur la mort de Marie :
« Un appel puissant et secret convie les éléments les plus vifs de la matière à se former, pour s'y développer, autour d'un point désigné. Pleins d'amour, ils se composent et s'ordonnent dans la plus étroite union. Cette étreinte ardente des éléments, c'est la vie de toute forme généralement, soit qu'elle renferme un organisme, soit que, privée du mouvement intérieur, elle ait reçu une vie compacte insensible ou plutôt l'organisme indissoluble de l'immobilité. La forme, c'est le bonheur de la matière, l'éternel embrassement de ses atomes ivres d'amour. Dans leur amour, la matière jouit d'elle-même et se béatifie. C'est pourquoi l'âme, pauvre molécule d'intelligence, séparée de l'unité des esprits, contemple avec tant d'avidité, à travers les sens, la forme bienheureuse. L'âme dans ce monde est condamnée au spectacle de la volupté. »