Valéry, Cahiers 1905-1906, Pléiade tome 2 p. 927 :
« Pour bien peindre (dans tous les sens du mot) il faut voir tous les objets toutes les parties du tableau soumises avant tout à une même règle d'extériorité - règle qui annule au moins momentanément les différences d'importance selon nous entre ces parties - et les différences dues à l'habitude, aux conventions de signaux. Sous cette règle, les différences qui demeurent sont seules les extérieures et il s'établit entre les parties une gradation propre - qui existe physiquement, hors des significations. […] Ainsi dans une nature sous mes yeux, la terre et cette feuille et cette bouteille brisée au soleil valent cet homme, d'abord. Et je les ferai aussi éloignés de moi que si l'homme n'était pas mon semblable plus que la boue. Comme si je ne savais rien ni ma forme et ma ressemblance intime avec lui. Je le vois ensemble avec ce qui l'entoure et le tout séparé de moi parce qu'ils sont dans la même lumière et dans le même air, tandis que je suis me parlant dans une sorte d'ombre, dans l'absence intérieure de lumière où sans bruit, j'ai lieu.