mercredi 15 avril 2020

Lewis C. S. (lecture)


Lewis (Clive Staple), An experiment in criticism (cité par Simon Leys) :

[texte français non-vérifié ; texte original lacunaire]

« La littérature élargit notre être en nous introduisant à des expériences qui ne nous sont pas propres. Celles-ci peuvent être belles, terribles, impressionnantes, excitantes, pathétiques, comiques, ou simplement piquantes. La littérature nous donne accès à elles toutes. Ceux d’entre nous qui ont été de vrais lecteurs toute leur vie réalisent rarement de façon plénière cette énorme extension de leur être qu’ils doivent aux auteurs. Nous en prenons mieux la mesure quand nous bavardons avec un ami qui ne lit guère. Il peut être plein de bonnes qualités et de bon sens, mais il habite un monde étriqué, un monde dans lequel nous aurions du mal à respirer. L’homme qui se contente de n’être que lui-même, et dont l’individualité se trouve donc rétrécie, vit dans une prison. Mes seuls yeux ne me suffisent pas… Même les yeux de toute l’humanité ne me suffisent pas. Je regrette que les bêtes n’écrivent pas. Comme je serais heureux de savoir quel visage ont les choses pour une souris ou pour une abeille, et je serais encore plus heureux de percevoir l’univers olfactif chargé de toutes les informations et émotions que connaît un chien. Quand je lis de la bonne littérature, je deviens mille autres hommes tout en restant moi-même. Comme le ciel nocturne d’un poème grec, je regarde avec une myriade d’yeux, mais c’est encore moi qui regarde. Ici, tout comme dans la prière, dans l’amour, dans l’action morale, dans le savoir, je me transcende, et c’est quand je me transcende que je deviens vraiment moi-même. ».

Those of us who have been true readers all our life seldom fully realise the enormous extension of our being which we owe to authors. We realise it best when we talk with an unliterary friend. He may be full of goodness and good sense but he inhabits a tiny world. In it, we should be suffocated. The man who is contented to be only himself, and therefore less a self, is in prison. My own eyes are not enough for me, I will see through those of others. Reality, even seen through the eyes of many, is not enough. I will see what others have invented. Even the eyes of all humanity are not enough. I regret that the brutes cannot write books. Very gladly would I learn what face things present to a mouse or a bee ; more gladly still would I perceive the olfactory world charged with all the information and emotion it carries for a dog.
Literary experience heals the wound, without undermining the privilege, of individuality. There are mass emotions which heal the wound ; but they destroy the privilege. In them our separate selves are pooled and we sink back into sub-individuality. But in reading great literature I become a thousand men and yet remain myself. Like the night sky in the Greek poem, I see with a myriad eyes, but it is still I who see. Here, as in worship, in love, in moral action, and in knowing, I transcend myself ; and am never more myself than when I do.