jeudi 30 janvier 2020

Miller (isolement)


Miller (H.), Le Colosse de Maroussi (1945 - écrit en 1938) trad. Belmont, LP Classique p. 54-55 :
"Il n'y a pas plus grande, plus extraordinaire bénédiction que l'absence de journaux, l'absence de nouvelles sur ce que peuvent inventer les humains aux quatre coins du monde pour rendre la vie vivable ou invivable. Si seulement on pouvait éliminer la presse - quel grand pas en avant nous ferions, j'en suis sûr ! La presse engendre le mensonge, la haine, la cupidité, l'envie, la suspicion, la peur, la malice. Qu'avons-nous à faire de la vérité, telle que nous la servent les quotidiens ? Ce qu'il nous faut, c'est la paix, la solitude, le loisir. Si nous pouvions tous nous mettre en grève et renier sincèrement tout intérêt pour ce que fait le voisin, peut-être arriverions-nous à signer un nouveau bail de vie, à apprendre à nous passer de téléphone, de radio et de journaux, de machines de toutes sortes, d'usines, de fabriques, de mines, d'explosifs, de cuirassés, de politiciens, d'hommes de loi, de conserves, de trucs et de machins, même de lames de rasoir, ou de cellophane, ou de cigarettes, ou d'argent. Rêve, fumée, bien sûr. Quand les gens se mettent en grève, ce n'est que pour réclamer de meilleures conditions de travail, de meilleurs salaires, de meilleures chances de devenir autre chose que ce qu'ils sont."

Miller (H.) The Colossus of Maroussi (1945) p. 40-41 : 
« The absence of newspapers, the absence of news about what men are doing in different parts of the world to make life more livable or unlivable is the greatest single boon. If we could just eliminate newspapers a great advance would be made, I am sure of it Newspapers engender lies, hatred, greed, envy, suspicion, fear, malice. We don't need the truth as it is dished up to us in the daily papers. We need peace and solitude and idleness. If we could all go on strike and honestly disavow all interest in what our neighbor is doing we might get a new lease of life. We might learn to do without telephones and radios and newspapers, without machines of any kind, without factories, without mills, without mines, without explosives, without battleships, without politicians, without lawyers, without canned goods, without gadgets, without razor blades even or cellophane or cigarettes or money. This is a pipe dream, I know. People only go on strike for better working conditions, better wages, better opportunities to become something other than they are. »