Saint-John Perse : Lettre à Gabriel Frizeau, Pléiade p. 734 ("23 mars 1908" ; date douteuse ; lettre vraisemblablement "retouchée" pour la Pléiade)
« Je ne sais pourquoi, quand il s’agit de Pindare [...] on est toujours tenté de donner tête basse dans quelque conception moderne du grand lyrisme individuel, à base d’exultation, de jubilation et d’ivresse, qui n’a que faire avec la mesure grecque dans le lyrisme choral. [...] La poésie grecque, pour un lyrique, n’est point en elle-même un fait de solitude, mais de collectivité, quasi collégiale. Du “Lyrique” grec, nous ne pouvons oublier qu’il est un Coryphée.
Dans l’art contractuel d’un Pindare, la collaboration étroite du récitatif avec le chant, avec la danse même ou l’ambulation du chœur, l’astreint d’emblée à une triple discipline. [...] ”Ivresse pindarique” : ivresse du nombre et des clés musicales - toutes clés maniées comme des vannes, pour une irrigation sonore qui semble plus qu’une distribution verbale [...] s’il sait, ou s’il a su, ce que c’est que d’être réellement ivre, il n’écrit qu’un heure après l’avoir été […]. »