jeudi 26 décembre 2019

Queneau + Giono + Platon (mélange)


Queneau, Les Fleurs bleues chap. XVII : 
« Lalix épluchait des pommes de terre. Cidrolin demande :
— Y aura des frites ?
— Non, du gratin dauphinois.
— J’aurais mieux aimé des frites.
— Y aura du gratin dauphinois.
— Bon, dit Cidrolin. Il ajouta :
— Je vais faire un tour. Je vais jusqu’au camp de campigne pour les campeurs. Il y a encore des gens qui y arrivent.
— Ça doit être curieux.
— Peut vraiment pas y avoir des frites ?
— Quel tyran. Y aura des frites ?
— Quelques-unes un peu molles et les autres comme des petits bouts de bois.
— Et pour moi, dit Lalix, des entre les deux.
— Peut-être serait-il possible de faire moitié gratin dauphinois et moitié pommes frites, les unes d’une façon, les autres d’une autre et une partie entre les deux. »

Giono, Jean le Bleu LP p. 105 : « Le berger Massot venait ‘manger le midi’ à la maison, un gros midi de pain et de viande et bien arrosé de vin. Il mâchait longtemps et lentement pour tout goûter : le pain seul, la viande seule, la viande et le pain mélangés et il buvait toujours avant d’avoir fini sa bouchée pour ajouter au goût. »

Platon, Timée (trad. Chambry) : 
« Voici de quels éléments et de quelle manière il composa [l'âme]. 
Avec la substance indivisible et toujours la même et avec la substance divisible qui naît dans les corps, il forma, en combinant les deux, une troisième espèce de substance intermédiaire, laquelle participe à la fois de la nature du Même et de celle de l’Autre, et il la plaça en conséquence au milieu de la substance indivisible et de la substance corporelle divisible. 
Puis, prenant les trois, il les combina toutes en une forme unique, harmonisant de force avec le Même la nature de l’Autre qui répugne au mélange. 
Quand il eut mélangé les deux premières avec la troisième et des trois fait un seul tout, il le divisa en autant de parties qu’il était convenable, chacune étant un mélange du Même, de l’Autre et de la troisième substance. »