dimanche 22 décembre 2019

Paulhan + Céline (littérature et cinéma)


Paulhan (Jean), Réponse à l'enquête sur 'Cinéma et littérature', Les Cahiers du mois, n° 16-17, 1925 : 
« Il me semble que le cinéma a débarrassé la littérature de plusieurs soucis absurdes, tels que : mouvements, rapidités, poursuites, coups de théâtre, comme la photographie avait heureusement guéri la peinture du soin de "faire ressemblant". Les arts s'aident moins par ce qu'ils apportent que par ce qu'ils s'enlèvent les uns aux autres. »

Céline, Entretiens avec le Professeur Y (1955) :
« Vous êtes tellement abruti Professeur Y que faut tout vous expliquer !... je vais vous mettre les points sur les i ! écoutez bien ce que je vous annonce : les écrivains d'aujourd'hui ne savent pas encore que le cinéma existe !... et que le cinéma a rendu leur façon d'écrire ridicule et inutile... péroreuse et vaine !...
- Comment ? comment ?
- Parce que leurs romans, tous leurs romans gagneraient beaucoup, gagneraient tout, à être repris par un cinéaste... leurs romans ne sont plus que des scénarios, plus ou moins commerciaux, en mal de cinéastes !... le cinéma a pour lui tout ce qui manque à leurs romans : le mouvement, les paysages, le pittoresque, les belles poupées, à poil, sans poil, les Tarzan, les éphèbes, les lions, les jeux du Cirque à s'y méprendre ! les jeux de boudoir à s'en damner ! la psychologie !... les crimes à la veux-tu voilà !... des orgies de voyages ! comme si on y était ! tout ce que ce pauvre peigne-cul d'écrivain peut qu’indiquer !... ahaner plein ses pensums ! qu'il se fait haïr de ses clients !... il est pas de taille ! tout chromo qu'il se rende ! qu'il s'acharne ! il est surclassé mille !... mille fois ! »