Giacometti (propos enregistrés) :
« … jusqu’au jour où il y a eu une véritable scission. Où, au lieu de voir des personnages sur l’écran, j’ai vu de vagues taches noires qui bougeaient, et où je regarde les voisins et, du coup, je les ai vus comme je ne les avais jamais vus. Le nouveau n’était pas ce qui s’est passé sur l’écran, c’est ce qui était à côté de moi. De ce jour-là, et je me rappelle très exactement sortant boulevard Montparnasse, d’avoir regardé le boulevard comme je ne l’avais jamais vu. Tout était autre. Et la profondeur, et les objets, et les couleurs, et le silence […]. Où tout me semblait autre, et tout à fait nouveau, donc y avait la curiosité d’en voir davantage… c’était, si vous voulez, une espèce d’émerveillement continuel de n’importe quoi. Évidemment j’avais envie d’essayer de le peindre, mais ça ne m’était possible, de le peindre ou d’en faire une sculpture, que le jour où la réalité s’est revalorisée pour moi du tout au tout, où ça devenait un inconnu, mais en même temps un inconnu merveilleux ! »