Gracq, Lettrines 2, Pléiade 2-315 :
"... ces invocations profuses, mais éloquentes, qui font du romantisme français (je n'ai jamais vu que la critique le marquât beaucoup) une queue mi-oratoire, mi-sensible à la logorrhée coruscante, au vibrato ampoulé de la Révolution. Comme si une démangeaison persistante du tréteau et de la tribune - après le sabre de l'Empire et vingt années de silence imposé dans les rangs - avait trouvé sur d'autres cordes et dans un registre inattendu une issue de secours à sa clameur rhétorique inapaisée : ce qui distingue le ton de la poésie de Hugo, de Musset, et même de Lamartine, du romantisme allemand, anglais ou russe, ce n'est pas tant le mixage plus ou moins subtil de Byron, de Rousseau, de Gœthe, de Chateaubriand ou d'Ossian que l'écho, encore à peine endormi dans les rues, des harangues de Vergniaud et du pathos des Jacobins."