Valéry, L'idée de dictature [1934] , in Regards sur le monde actuel, Œuvres, Pochothèque t. 1 p. 1465-1466 :
"Dès que l’esprit ne se reconnaît plus, – ou ne reconnaît plus ses traits essentiels, son mode d’activité raisonnée, son horreur du chaos et du gaspillage des forces, – dans les fluctuations et les défaillances d’un système politique, il imagine nécessairement, il souhaite instinctivement l’intervention la plus prompte de l’autorité d’une seule tête, car ce n’est que dans une tête seule que la correspondance nette des perceptions, des notions, des réactions et des décisions est concevable, peut s’organiser et tendre à imposer aux choses des conditions et des arrangements intelligibles.Tout régime, tout gouvernement est exposé à ce jugement par l’esprit : l’idée dictatoriale se dessine aussitôt que l’action ou l’abstention du pouvoir paraissent à l’esprit inconcevables et incompatibles avec l’exercice de sa raison."