dimanche 22 septembre 2024

Levison + Descartes (lois)

Levison, Les Stripteaseuses ont toujours besoin de conseils juridiques (trad. Aronson) chap. 5 : 

"[…] Mes clients perdent souvent patience avec les lois. Lorsqu’ils ont affaire pour la première fois au système judiciaire ils imaginent que les lois sont rationnelles, qu’elles sont fondées sur des valeurs éthiques universelles, des notions élémentaires de bien et de mal. Mais plus ils avancent dans le système, plus ils se rendent compte qu’il s’agit tout simplement d’une folle liste de règles que des hommes durant des générations ont promulguées afin de gérer leurs problèmes immédiats. Il y a un peu plus de deux cents ans, Thomas Jefferson et James Madison s’efforçaient de faire face à la difficulté la plus pressante de l’époque, à savoir créer une nation, mais aucun État ne voulait en être à moins de pouvoir décider de ses propres lois. Voilà pourquoi chaque État a pu bénéficier de son propre système judiciaire, donnant ainsi naissance aux États-Unis d’Amérique. Désormais nous avons cinquante systèmes judiciaires, sans parler de celui du gouvernement fédéral."


Descartes, Discours de la méthode, II : 

"Je m'avisai de considérer que souvent il n'y a pas tant de perfection dans les ouvrages composés de plusieurs pièces, et faits de la main de divers maîtres, qu'en ceux auxquels un seul a travaillé. Ainsi voit-on que les bâtiments qu'un seul architecte a entrepris et achevés ont coutume d'être plus beaux et mieux ordonnés que ceux que plusieurs ont tâché de raccommoder, en faisant servir de vieilles murailles qui avaient été bâties à d'autres fins. Ainsi ces anciennes cités, qui, n'ayant été au commencement que des bourgades, sont devenues, par succession de temps, de grandes villes, sont ordinairement si mal compassées, au prix de ces places régulières qu'un ingénieur trace à sa fantaisie dans une plaine, qu'encore que, considérant leurs édifices chacun à part, on y trouve souvent autant et plus d'art qu'en ceux des autres ; toutefois, à voir comme ils sont arrangés, ici un grand, là un petit, et comme ils rendent les rues courbées et inégales, on dirait que c'est plutôt la fortune, que la volonté de quelques hommes usant de raison, qui les a ainsi disposés. […] Ainsi je m'imaginai que les peuples qui, ayant été autrefois demi-sauvages, et ne s'étant civilisés que peu à peu, n'ont fait leurs lois qu'à mesure que l'incommodité des crimes et des querelles les y a contraints, ne sauraient être si bien policés que ceux qui, dès le commencement qu'ils se sont assemblés, ont observé les constitutions de quelque prudent législateur."